Derniers coups de pédale

Après avoir plié bagage, Nicolas et Christophe ont donc décidé de m’accompagner sur quelques kilomètres.
Le vent de face et les montés aident à éliminer rapidement la Chartreuse de la veille. De belles rencontres comme celle-ci remettent tout de suite de bonne humeur et confirment les raisons d’un tel voyage.

Christophe et Nicolas m'accompagnant sur quelques kilomètres

Christophe et Nicolas m’accompagnant sur quelques kilomètres

En déjeunant à Cléon d’Andran, je me rends compte que je peux accéder à un réseau WIFI non protégé. J’en profite alors pour voir s’il y a des personnes de la communauté Warmshower dans le coin.
À Crest, non loin d’ici, j’en trouve deux. J’envoie un SMS à chacun et dix minutes plus tard j’ai une réponse positive !

Mon hôte de la soirée s’appelle Marie-Aude, voyageuse à vélo dans ses heures perdues, c’est une férue du bio. Elle s’est lancée il y a peu, à son compte si mes souvenirs sont bons, dans la sophrologie. À ce que j’ai compris, c’est une technique de développement personnel visant entre autres à régler les problèmes de stress, de sommeil ou bien d’améliorer sa mémoire.

En plus de m’accueillir chez elle, elle me propose de découvrir sa ville. D’une part le côté touristique et historique en grimpant les petites ruelles jusqu’au sommet pour voir la Tour de Crest. D’autre part, un lieu pour les gens du coin, l’atelier participatif. Cet endroit est un lieu de partage et de rencontre, où pour une petite participation financière, on peut venir librement réparer son vélo toute l’année.

Le soir, elle me concocte un bon repas. Nous partageons autour de ce dîner nos expériences de voyage, des conseils, etc.
Parfois, comme c’est le cas avec Marie-Aude, on parle de choses et d’autres et sans s’en rendre compte forcément tout de suite, on trouve des solutions à nos problèmes. Le fait d’échanger avec une personne que l’on connaît depuis peu, permet d’avancer et de trouver des réponses auxquelles on n’avait pas pensé.

Il ne fait pas bon de s'aventurer dans les Alpes

Il ne fait pas bon de s’aventurer dans les Alpes (vue depuis Crest)

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P***** de vent de face !!

Le lendemain je reprends la route, malgré quelques cols à plus de 1000 mètres d’altitude j’ai tout de même envie de dépasser la barre des 100 km avant de trouver un endroit où dormir. 100 km c’est psychologique, ça me donne l’impression d’avoir vraiment avancé.
Cette barre passée j’arrive à Viriville. Le village est rempli de forains. En effet, un carnaval se prépare, c’est la plus grande fête foraine (après celle de Grenoble) avec défilés de chars suivie d’une grosse fête.
Trouver un endroit pour la nuit va se révéler plus dur que je ne l’imaginais. À chaque fois on m’envoie voir plus loin. Du coût je me fais de fausses illusions.
Enfin la chance tourne, je tombe sur un père et sa fille qui font du vélo dans l’allée de leur maison. Malheureusement ils ne peuvent pas m’accueillir chez eux, mais Xavier, le père, décide quand même de me trouver quelqu’un. On part alors tous à vélo à travers le village. Il a plusieurs idées en tête. Il m’amène dans un premier dans une maison où se trouvent une bonne dizaine de personnes. Dans le jardin, certains finissent le montage d’un char pour le défilé. On veut bien me laisser dormir là dans un coin mais je ne me sens par forcément le bienvenu, on me pose pas mal de questions où je dois répondre de mes actes devant l’assemblée, le pastis commence à être servi, le bruit des perceuses et des marteaux tournoie dans la cour. Ils n’ont pas l’air méchants, bien au contraire, mais mon instinct me dit d’aller voir plus loin. Xavier le comprend et on part chez le voisin dresseur de chevaux. C’est un cow-boy des temps modernes. Les bottes en cuir et la clope au bec, il fait courir ses chevaux dans une sorte de tourniquet électrique. En plus d’être dresseur il est maréchal-ferrant.
Chez lui je me sent plus à l’aise. Bien qu’il me mette en garde en ce qui concerne son père, surnommé par les habitants du village « le shérif ». En effet, il paraît qu’il tire et puis qu’il réfléchit par la suite… Heureusement il va le tenir informé qu’un voyageur a suspendu son hamac dans sa propriété.

Les vélos sauveurs

Les vélos sauveurs

Chez le cow-boy des temps modernes

Chez le cow-boy des temps modernes

L'écurie

L’écurie

Le vendredi 22 août sera ma dernière étape… toute bonne chose à une fin.
Avant de partir du village où j’ai passé une agréable nuit, je décide de faire un crochet par la boulangerie. Qui vois-je en arrière-boutique ? Xavier discutant avec le boulanger et une dame, tout deux présents hier à l’endroit où le char était construit. Je n’ai pas le droit au pain de la veille mais à un café bien chaud. Ma quête sera plus fructueuse dans le village voisin.

Je dessine dans mon carnet le relief de mon itinéraire de la journée pour rejoindre Lyon : _/\_/\_/\_/\_/\_
Ça représente, pour ceux qui ne l’ont pas compris, une succession de vallées séparées par des pentes raides.

Sur ma carte, l’entrée dans Lyon me paraît laborieuse. Je demande à un cycliste croisé sur ma route la direction à prendre, il propose de m’accompagner sur quelques kilomètres. Il était très sympa, parlait beaucoup, mais à ce moment-là j’avais seulement envie de me retrouver seul et à chaque fois qu’il devait bifurquer il décidait de m’accompagner encore un peu plus loin.
Du coût je n’ai pas trop eu le temps de me préparer mentalement à rentrer dans cette grosse ville qui signifiait la fin de mon voyage. Je dois prendre le train le lendemain puisque je reprends le travail dans 3 jours. Toutes les belles rencontres effectuées tout le long de ma route m’ont ralenti dans mon envie de boucler la boucle. Mais je ne regrette rien.
Je dois retrouver en fin d’après-midi Marie-Noëlle, contactée sur Warmshower. En attendant je pars avec la boule au ventre retirer mon billet de train. Je trouve Lyon magnifique bien que j’aie du mal à en profiter un maximum. Pour manger, je m’installe le long du Rhône et là un grand frisson me traverse. En effet, sur une péniche à quai passe une musique que j’ai entendu une seule fois au tout début de mon voyage, au petit déjeuner chez Françoise, ma première hôte en Bretagne. D’une manière symbolique, mon aventure s’achève ici.

Au bord du Rhône à Lyon

Au bord du Rhône à Lyon

Pendant ce temps Clément (mon frère) fait de l’auto-stop pour me rejoindre et passer la soirée avec moi. Je devrais plutôt dire du side-stop puisque ce jour-là il a réalisé un de ses rêves en prenant un side-car !

J’arrive vers 16h00 chez Marie-Noëlle, dans le Ier arrondissement de Lyon. Elle habite un appartement « typique lyonnais » avec de hauts plafonds, des poutres apparentes et de grandes pièces.
Nous discutons de nos deux manières complètement différentes de voyager à vélo. Elle préfère les routes plates, moi les montées. Elle préfère dormir dans un endroit sûr, moi en pleine nature. Mais nous nous rejoignons sur un intérêt commun, le vélo.

Clément arrive un peu plus tard. Elle nous prépare un repas très rafraîchissant et complètement bio.

À la suite de plusieurs tendinites, son docteur lui a déconseillé la pratique de plusieurs sports. Ressentant une envie de se défouler elle a commencé le tango. Cette danse deviendra au fil des années une vraie passion et elle passera la plupart de son temps libre dans une association dont elle est membre, Tango de Soie. Justement ce soir-là, comme tous les vendredis soir, des « milongas » sont organisées. Elle nous propose de venir y assister. Bien sûr nous n’irons pas danser puisque le tango est tout un art et nous aurions eu l’air ridicules entre tous ces bons danseurs.
Cette danse, très sensuelle, est très belle à regarder. Mais au bout d’un moment puisque nous ne participons pas, nous avons l’impression d’être un petit peu des voyeurs. Nous décidons alors, exténués, de rentrer nous coucher.

Voilà, nous sommes le samedi 23 août, mon train est dans quelques heures. Je dis au revoir à Marie-Noëlle et pars faire une petite visite de Lyon avant de partir. Je profite de la fin d’un marché pour faire le plein de fruits.
Arrivé à la gare je rencontre une jeune fille avec un gros paquetage sur son vélo. Alors que moi je finis une aventure, elle part rejoindre un ami pour en commencer une nouvelle.

Bien que ça prenne beaucoup plus de temps, j’ai préféré prendre le TER plutôt que le TGV. D’une part c’est moins cher, d’autre part je n’ai pas besoin de démonter tout mon vélo pour le transporter gratuitement. Ça me permettra par la même occasion de revenir à la réalité plus en douceur.

L’heure du bilan est arrivée. Je ne l’ai pas précisé mais ce voyage était en quelque sorte le test ultime avant de m’engager officiellement dans mon tour du monde. Chaque jour je cochais dans un coin de ma tête si la journée était positive ou négative. À part deux trois coups de mou, ce périple a été un véritable succès. J’ai fait des rencontres magnifiques tout le long de ma route. J’ai tenu physiquement sur toute la durée. Mon matériel aussi, bien qu’il y est encore des modifications et des ajouts à faire.
Niveau chiffres, contrairement à d’autres voyages effectués je n’ai pas noté au jour le jour le nombre de kilomètres parcourus. Tout ce que je sais sur ces 20 jours, c’est que j’ai roulé environ 2 100 km pour 19 jours pédalés, soit un peu plus de 100 km par jour. On voit bien que mon organisation n’est toujours pas bien rodée, en effet je n’ai fait qu’une seule journée de repos. Ce qui est vraiment trop peu pour tenir sur le long terme.
Grâce à l’hospitalité des gens, la générosité des boulangers, la gentillesse des personnes rencontrées sur la route et malheureusement à cause de la société de consommation qui jette énormément, j’ai pu vivre pendant près de trois semaines avec un budget quotidien de seulement 3 € ! Je tiens à préciser que je n’ai jamais eu faim.

Merci encore à toutes ces personnes que j’ai rencontré tout le long de ma route. Je suis rentré avec des tas de souvenirs dans ma tête. Je n’ose même pas imaginer ce que je vais vivre durant mon tour du monde !

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