L’arrivée dans les Pyrénées

Nous quittons Clément en fin de matinée. Il repart en stop vers Toulouse alors que nous nous dirigeons de plus en plus vers l’Espagne, direction les Pyrénées.

Bivouac avec Clément

Bivouac avec Clément à Barrran

Ruelle

Ruelle inspirante

Ce jour-là nous avons tenté une nouvelle technique de cyclo-vagabond qui consiste à aller demander dans les boulangeries le pain destiné aux poubelles. Hésitant, je me lance, malheureusement la boutique était fermée la veille donc ils n’ont pas de pain à jeter. Mais la boulangère, généreuse, nous offre avec grande gentillesse des viennoiseries du jour.
Nouvelle technique adoptée !

Pendant notre pause déjeuner, nous tombons à l’arrière d’un supermarché sur une poubelle remplie de fruits et de légumes encore bons à la consommation (raisin noire, tomate, concombre, courgette, aubergine, laitue …). Tellement que nous ne pouvons pas tout prendre et faisons profiter d’autres clients.

Petite pause

Petite pause

Le temps commence à se gâter. On décide alors de trouver un toit pour la nuit. C’est là qu’on voit une grande bâtisse ressemblant à une ancienne école religieuse. Nous en faisons le tour pour essayer de rencontrer quelqu’un, mais personne à l’horizon. Il y avait quand même des voitures dehors, ce qui veut dire qu’il y avait bien quelqu’un.
Nous sonnons, un homme ouvre, mais nous ne nous sentons pas les bienvenus. En effet on nous dit que le lieu paraît immense mais qu’ils n’ont pas la place pour deux pauvres voyageurs. Ils nous proposent tout de même le toit du préau pour passer la nuit au sec.
Une tempête s’abattra une bonne partie de la nuit, mais nous resterons par chance au sec. Nous apprendrons par la suite que cette communauté religieuse était composée de seulement quatre personnes pour plusieurs milliers de m² !

Nuit sous le préau

Nuit sous le préau

Le lendemain matin nous rentrons enfin dans le vif du sujet en pénétrant dans les Pyrénées Ariégeoise. À mesure que l’on avance, l’air devient de plus en plus frais, tout comme les paysages sont de plus en plus magnifiques.
Un pictogramme sur ma carte nous indique une curiosité touristique. Nous tomberons sur l’un des lieux les plus majestueux de mon voyage, la grotte du Mas-d’Azil. Un tunnel de plus de 400 mètres creusé naturellement par un cours d’eau.
Je note dans mon carnet : « Spectacle inattendu, ce qui le rend d’autant plus somptueux ».

Grotte Mas d'Azil

Grotte du Mas d’Azil

Avant de chercher un endroit pour la nuit, je laisse Marcelo demander du pain de la veille avec les quelques mots de français que je lui ai appris et il ressort avec du pain frais…
Mais trouver un endroit pour dormir se révèle difficile. Nous avons peur qu’une tempête comme la veille s’abbate. Dans le village où nous arrivons personne ne veut nous accueillir, nous obtenons un bonne dizaine de refus. Un groupe de jeunes fait tout pour nous aider mais même leurs familles refusent. On nous conseille plusieurs endroits. Nous élisons alors domicile sous le petit préau de la Mairie.
C’est quand nous maudissons les gens du coin qu’une des jeunes du groupe nous demande quelle saveur de pizza nous désirons, les parents étant à la pizzeria proposent de nous en offrir une. Une demi-heure plus tard nous nous régalons autour d’un bon repas.
Marcelo restera encore de plus en plus étonné de la sympathie des français. En effet avant d’arriver en Europe on l’avait mis en garde sur notre sens de l’accueil et du partage.
Il repartira de notre pays avec une toute nouvelle image.

Réveil à 6h25 par les éboueurs étonnés de me voir assoupi dans mon hamac sous le préau de la mairie.

Marcelo sur un pont

En route pour les cols pyrénéens !

Ce jeudi 14 août sera une journée remplie d’émotions. En effet l’approche de la frontière espagnole signifie les premiers grands cols, mais surtout la fin du voyage avec Marcelo.
Arrivé au col de Puymorens (1920 m), le paysage a complètement changé. Alors que la face nord est fraîche, humide et verdoyante, la face sud elle est plus chaude et aride.

Ascension col Puymorens

Ascension du col de Puymorens

Afin de passer notre dernière soirée ensemble dans un lieu tranquille, nous décidons pour une fois de passer une nuit en camping.
Avant ça nous passons du côté espagnol pour faire les courses dans un Carrefour. Pour une même enseigne l’offre, les prix et l’ambiance sont complètements différents qu’en France.
Au camping je trouve enfin le temps d’apprendre à Marcelo la construction d’un P3RS. Qu’est-ce donc cet objet au nom bizarre ? Rendez-vous page « Astuces » !

La soirée se passe tranquillement autour d’un bon repas préparé avec nos réchauds à alcool.

Frontière Espagne

Frontière espagnole

(la suite c’est par-là)

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Reprise de la route en solitaire

Voilà, le jour est arrivé où nos chemins se séparent… Nous prenons notre temps avant de partir du camping. L’émotion est très forte, il y a à Bourg-Madame un rond-point symbolique. À gauche la France, à droite l’Espagne. Nous avons du mal à prendre la route chacun de notre côté.
Je l’aurais bien accompagné jusqu’à Barcelone mais j’avais, avant de croiser sa route, le projet de rejoindre Océane et Yann, rappelez-vous ce couple rencontré au début de mon voyage partie dans un éco-village au dessus de Carcassonne. Et de toute façon il fallait bien qu’on se dise au revoir un jour.

Le rendez-vous est pris, nous nous retrouverons sur une route du monde ! Merci à Catherine, l’hôte qui nous a permis de nous rencontrer.

Afin de penser à autre chose je mets les bouchés doubles et avance à un bon rythme. Encore une fois quand je passe le col de Quillane, je distingue bien les deux climats de chaque face de la montagne.
Malgré le vent de face j’avance à vive allure grâce à une descente qui ne se terminera que le lendemain.

Dans un village, en voulant voir si la boulangerie jetait du pain, je tombe en arrière boutique sur le boulanger. Je lui demande s’il a du pain de la veille. Il me répond que si j’attends 4 minutes j’aurai du pain frais tout juste sorti du four. BINGO ! J’aurai dû m’en douter, c’est un breton…
Remis d’appoint je continu ma descente dans des lacets qui n’en finissent pas. Tant mieux j’en profite, mais j’espère juste ne rien n’avoir oublié là-haut parce que je n’ai pas envie de faire la remontée !

Des kilomètres et des kilomètres de descente !

Des kilomètres et des kilomètres de descente !

Vers 18h00, arrivé à Couiza, je voulais avoir un peu de compagnie pour la soirée afin de penser à autre chose.
C’est là que je croise un monsieur, j’explique comme d’habitude ce que je fais et demande un abri pour la nuit. Il me répond « Oui j’ai un abri, mais je ne te connais pas. Comment est-ce que je peux te faire confiance ? ». Je n’avais rien d’autre que ma bonne volonté. Il l’acceptera. MAGIQUE ! Mon hôte s’appel Fifi un homme qui se relève tout juste d’un passage à vide suite à un accident qui lui handicape une de ses mains. Ancien champion de montée à la corde et habile de ses doigts, il lui est aujourd’hui difficile de magner ses outils. Mais on sent en lui une grande générosité et une véritable gentillesse. La maison dans laquelle il m’accueille n’est pas la sienne mais une qu’il retape en partie. J’ai alors l’embarras du choix pour choisir ma chambre.

Je vais beaucoup mieux et décide d’aller faire un tour dans le village, c’est là que je reçois un SMS d’Océane. Elle m’explique en gros qu’il y a des tensions dans le groupe puisque trop de personnes ont ramené leurs amis et que je serai la goutte qui ferait déborder le vase.
Je ne pense pas être obligé de vous expliquer dans quel état j’étais.
En rentrant à la maison j’explique l’histoire à Fifi, mais maladroitement sans le faire exprès il ne me remonte pas du tout le moral, sa vision très sombre du monde ne m’aide pas…
Je vais alors me coucher tôt en espérant que le lendemain sera un jour meilleur.

Pour une fois j’avais hâte de sortir d’une maison. Les ondes y étaient très négatives.
Je continu alors ma descente vers Carcassonne et décide tout de même de passer du côté de l’éco-village dans les Montagnes Noires. Les paysages m’ont l’air magnifiques.
Par hasard sur mon chemin, Océane se trouve avec deux amies sur une terrasse, nous prennons un verre ensemble. Cette brève rencontre me remonte tout de même le moral, bien que quelques jours de repos m’auraient fait grand bien. Ma dernière pause remonte à une dizaine de jours à Arcachon.

Dans un lavoir

Activité quotidienne : laver son linge

Lespinassière

Lespinassière

Vue sur les Pyrénées depuis les Montagnes Noires

Vue sur les Pyrénées depuis les Montagnes Noires

En fin de journée je suis accueilli par une famille fan de pétanque à Courniou ! Ils m’offrent tout ce qu’un voyageur à vélo désire après une rude journée : un abri (ici la cabane au fond du jardin), une douche, un bon repas et de l’échange.

Après une bonne nuit de sommeil, comme convenu je saute par dessus la barrière. L’idée ce jour-là est de rejoindre une collègue à ma mère et sa famille que je connais depuis une dizaine d’années. Ils se trouvent dans l’Aveyron à St Jean d’Alcas dans la maison de famille pour les vacances.
Pour y arriver je dois passer quelques petits cols entre la Salvetat et Lacaune.
Mon idée est par la suite d’aller en Auvergne, mais je n’ai pas de carte. Du coup, à Belmont, dans un beau petit village où se déroule une braderie je décide de trouver une vieille carte comme nous avions fait avec Marcelo plus tôt. Malheureusement cette fois-ci, malgré l’aide d’un gentil couple, la chance me tourne le dos, personne n’a la carte dont j’ai besoin. Tant pis l’Auvergne sera pour une prochaine fois !

Arrivé à Sainte-Affrique, il ne me reste plus beaucoup de kilomètres pour arriver à bon port. Les paysages sont grandioses. Enfin j’arrive dans cette maison familiale, le temps de prendre un goûter et ils doivent partir rejoindre des amis. J’en profite pour installer mon hamac sous une des granges et faire un petit tour dans les fortifications du village médiéval du XVe siècle.
Le frère d’Isabelle est éleveur de brebis. Leur lait est envoyé à quelques kilomètres de là à Roquefort afin de produire le célèbre fromage du même nom.
Le soir je suis gentiment invité à passer la soirée avec des amis bretons venus dans le coin pour les vacances.
Le repas se déroulera à merveille, mais exténué j’ai hâte de retrouver les bras de Morphée.

L'Aveyron

L’Aveyron

(La suite c’est par-là)

De l’Aveyron à l’Ardèche en passant par les Cévennes

Après avoir pris mon temps, je remercie mes hôtes et je reprends la route. Avant d’arriver sur le plateau du Larzac, il ne me reste plus qu’une ascension. Alors que je ne pensais pas arriver là, puisque je rappelle que je n’avais tracé aucun itinéraire avant de partir, je rentre dans le massif des Cévennes.

Les Cévennes

Les Cévennes

Normalement j’ai l’habitude de voyager seul et j’aime cela, mais là je viens de passer une grande partie du voyage accompagné. Il faut que je retrouve le bon rythme, mon rythme.
J’aime aller à la rencontre des autres mais cette nuit-là je veux me retrouver seul. L’environnement dans lequel je me trouve se prête bien au jeu. Malgré la pluie, je passe une très bonne nuit.

Bivouac dans les Cévennes

Bivouac dans les Cévennes

Quand on voyage à ma manière, seul, sans beaucoup d’argent il faut accepter la solitude. Bien sûr on fait plein de rencontres : un cycliste qui vous tape la discute sur quelques kilomètres, une personne curieuse de tout ce paquetage pendant que vous remplissez vos gourdes au robinet d’un cimetière, un breton qui vous interpelle en voyant le fanion sur votre vélo, un hôte généreux rencontré parfois par hasard, un vieux monsieur qui vous dit de profiter de votre jeunesse, etc. Mais toutes ces rencontres ne sont qu’éphémères, qu’elles soient de quelques secondes ou d’une soirée, ce sont en règle générale des rencontres sans lendemain. Le cyclovagabond n’est qu’un voyageur de passage.
Cette situation est quand même intéressante, en effet les gens se livrent alors beaucoup plus rapidement. Ces brefs échanges deviennent tout de suite très enrichissants.
Et puis chaque jour est fait d’une nouvelle surprise.

Cévennes

Des paysages qui donnent la patate dès le matin !

Après cette nuit en pleine nature je reprends la route direction les gorges de l’Ardèche. Quelle idée de passer par là en plein mois d’août… Les routes sont pleines de touristes pressés d’aller d’une activité à une autre. Bivouaquer est quasi impossible et les campings sont pleins. Mais dans toute cette activité je vais tout de même rencontrer des gens généreux.
Tandis que je fais mes courses à ma manière à l’arrière d’un supermarché, une jeune femme a dû me voir sans que je m’en aperçoive. En effet, alors que je repars elle m’intercepte et me dit « Vous partez ? Vous voulez des oranges ? ». Surpris, j’accepte et elle repart aussi vite qu’elle est arrivée.
Plus loin recherchant en vain un endroit où bivouaquer, j’aperçois deux couples avec des enfants remonter une rue. Et puis on ne change pas ses bonnes habitudes, je leur explique mon voyage et très vite, bien qu’ils reçoivent ce soir-là des amies ils m’invitent à passer la soirée en leur compagnie.
Vu que leur jardin n’est toujours pas pourvu d’arbres pour y accrocher mon hamac il me proposent une tente.
Nous passons la soirée autour d’un bon repas avec comme digestif de la bonne Chartreuse verte et finissons avec plusieurs parties de pétanque. Mon équipe gagnera 3-1 !

Partie de pétanque

La Chartreuse rend cette partie de pétanque floue

Sans le savoir, j’étais tombé dans une famille de cycliste. Du coup le lendemain Nicolas et son beau frère Christophe m’accompagneront sur quelques kilomètres.

(La suite c’est par-là)

Derniers coups de pédale

Après avoir plié bagage, Nicolas et Christophe ont donc décidé de m’accompagner sur quelques kilomètres.
Le vent de face et les montés aident à éliminer rapidement la Chartreuse de la veille. De belles rencontres comme celle-ci remettent tout de suite de bonne humeur et confirment les raisons d’un tel voyage.

Christophe et Nicolas m'accompagnant sur quelques kilomètres

Christophe et Nicolas m’accompagnant sur quelques kilomètres

En déjeunant à Cléon d’Andran, je me rends compte que je peux accéder à un réseau WIFI non protégé. J’en profite alors pour voir s’il y a des personnes de la communauté Warmshower dans le coin.
À Crest, non loin d’ici, j’en trouve deux. J’envoie un SMS à chacun et dix minutes plus tard j’ai une réponse positive !

Mon hôte de la soirée s’appelle Marie-Aude, voyageuse à vélo dans ses heures perdues, c’est une férue du bio. Elle s’est lancée il y a peu, à son compte si mes souvenirs sont bons, dans la sophrologie. À ce que j’ai compris, c’est une technique de développement personnel visant entre autres à régler les problèmes de stress, de sommeil ou bien d’améliorer sa mémoire.

En plus de m’accueillir chez elle, elle me propose de découvrir sa ville. D’une part le côté touristique et historique en grimpant les petites ruelles jusqu’au sommet pour voir la Tour de Crest. D’autre part, un lieu pour les gens du coin, l’atelier participatif. Cet endroit est un lieu de partage et de rencontre, où pour une petite participation financière, on peut venir librement réparer son vélo toute l’année.

Le soir, elle me concocte un bon repas. Nous partageons autour de ce dîner nos expériences de voyage, des conseils, etc.
Parfois, comme c’est le cas avec Marie-Aude, on parle de choses et d’autres et sans s’en rendre compte forcément tout de suite, on trouve des solutions à nos problèmes. Le fait d’échanger avec une personne que l’on connaît depuis peu, permet d’avancer et de trouver des réponses auxquelles on n’avait pas pensé.

Il ne fait pas bon de s'aventurer dans les Alpes

Il ne fait pas bon de s’aventurer dans les Alpes (vue depuis Crest)

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P***** de vent de face !!

Le lendemain je reprends la route, malgré quelques cols à plus de 1000 mètres d’altitude j’ai tout de même envie de dépasser la barre des 100 km avant de trouver un endroit où dormir. 100 km c’est psychologique, ça me donne l’impression d’avoir vraiment avancé.
Cette barre passée j’arrive à Viriville. Le village est rempli de forains. En effet, un carnaval se prépare, c’est la plus grande fête foraine (après celle de Grenoble) avec défilés de chars suivie d’une grosse fête.
Trouver un endroit pour la nuit va se révéler plus dur que je ne l’imaginais. À chaque fois on m’envoie voir plus loin. Du coût je me fais de fausses illusions.
Enfin la chance tourne, je tombe sur un père et sa fille qui font du vélo dans l’allée de leur maison. Malheureusement ils ne peuvent pas m’accueillir chez eux, mais Xavier, le père, décide quand même de me trouver quelqu’un. On part alors tous à vélo à travers le village. Il a plusieurs idées en tête. Il m’amène dans un premier dans une maison où se trouvent une bonne dizaine de personnes. Dans le jardin, certains finissent le montage d’un char pour le défilé. On veut bien me laisser dormir là dans un coin mais je ne me sens par forcément le bienvenu, on me pose pas mal de questions où je dois répondre de mes actes devant l’assemblée, le pastis commence à être servi, le bruit des perceuses et des marteaux tournoie dans la cour. Ils n’ont pas l’air méchants, bien au contraire, mais mon instinct me dit d’aller voir plus loin. Xavier le comprend et on part chez le voisin dresseur de chevaux. C’est un cow-boy des temps modernes. Les bottes en cuir et la clope au bec, il fait courir ses chevaux dans une sorte de tourniquet électrique. En plus d’être dresseur il est maréchal-ferrant.
Chez lui je me sent plus à l’aise. Bien qu’il me mette en garde en ce qui concerne son père, surnommé par les habitants du village « le shérif ». En effet, il paraît qu’il tire et puis qu’il réfléchit par la suite… Heureusement il va le tenir informé qu’un voyageur a suspendu son hamac dans sa propriété.

Les vélos sauveurs

Les vélos sauveurs

Chez le cow-boy des temps modernes

Chez le cow-boy des temps modernes

L'écurie

L’écurie

Le vendredi 22 août sera ma dernière étape… toute bonne chose à une fin.
Avant de partir du village où j’ai passé une agréable nuit, je décide de faire un crochet par la boulangerie. Qui vois-je en arrière-boutique ? Xavier discutant avec le boulanger et une dame, tout deux présents hier à l’endroit où le char était construit. Je n’ai pas le droit au pain de la veille mais à un café bien chaud. Ma quête sera plus fructueuse dans le village voisin.

Je dessine dans mon carnet le relief de mon itinéraire de la journée pour rejoindre Lyon : _/\_/\_/\_/\_/\_
Ça représente, pour ceux qui ne l’ont pas compris, une succession de vallées séparées par des pentes raides.

Sur ma carte, l’entrée dans Lyon me paraît laborieuse. Je demande à un cycliste croisé sur ma route la direction à prendre, il propose de m’accompagner sur quelques kilomètres. Il était très sympa, parlait beaucoup, mais à ce moment-là j’avais seulement envie de me retrouver seul et à chaque fois qu’il devait bifurquer il décidait de m’accompagner encore un peu plus loin.
Du coût je n’ai pas trop eu le temps de me préparer mentalement à rentrer dans cette grosse ville qui signifiait la fin de mon voyage. Je dois prendre le train le lendemain puisque je reprends le travail dans 3 jours. Toutes les belles rencontres effectuées tout le long de ma route m’ont ralenti dans mon envie de boucler la boucle. Mais je ne regrette rien.
Je dois retrouver en fin d’après-midi Marie-Noëlle, contactée sur Warmshower. En attendant je pars avec la boule au ventre retirer mon billet de train. Je trouve Lyon magnifique bien que j’aie du mal à en profiter un maximum. Pour manger, je m’installe le long du Rhône et là un grand frisson me traverse. En effet, sur une péniche à quai passe une musique que j’ai entendu une seule fois au tout début de mon voyage, au petit déjeuner chez Françoise, ma première hôte en Bretagne. D’une manière symbolique, mon aventure s’achève ici.

Au bord du Rhône à Lyon

Au bord du Rhône à Lyon

Pendant ce temps Clément (mon frère) fait de l’auto-stop pour me rejoindre et passer la soirée avec moi. Je devrais plutôt dire du side-stop puisque ce jour-là il a réalisé un de ses rêves en prenant un side-car !

J’arrive vers 16h00 chez Marie-Noëlle, dans le Ier arrondissement de Lyon. Elle habite un appartement « typique lyonnais » avec de hauts plafonds, des poutres apparentes et de grandes pièces.
Nous discutons de nos deux manières complètement différentes de voyager à vélo. Elle préfère les routes plates, moi les montées. Elle préfère dormir dans un endroit sûr, moi en pleine nature. Mais nous nous rejoignons sur un intérêt commun, le vélo.

Clément arrive un peu plus tard. Elle nous prépare un repas très rafraîchissant et complètement bio.

À la suite de plusieurs tendinites, son docteur lui a déconseillé la pratique de plusieurs sports. Ressentant une envie de se défouler elle a commencé le tango. Cette danse deviendra au fil des années une vraie passion et elle passera la plupart de son temps libre dans une association dont elle est membre, Tango de Soie. Justement ce soir-là, comme tous les vendredis soir, des « milongas » sont organisées. Elle nous propose de venir y assister. Bien sûr nous n’irons pas danser puisque le tango est tout un art et nous aurions eu l’air ridicules entre tous ces bons danseurs.
Cette danse, très sensuelle, est très belle à regarder. Mais au bout d’un moment puisque nous ne participons pas, nous avons l’impression d’être un petit peu des voyeurs. Nous décidons alors, exténués, de rentrer nous coucher.

Voilà, nous sommes le samedi 23 août, mon train est dans quelques heures. Je dis au revoir à Marie-Noëlle et pars faire une petite visite de Lyon avant de partir. Je profite de la fin d’un marché pour faire le plein de fruits.
Arrivé à la gare je rencontre une jeune fille avec un gros paquetage sur son vélo. Alors que moi je finis une aventure, elle part rejoindre un ami pour en commencer une nouvelle.

Bien que ça prenne beaucoup plus de temps, j’ai préféré prendre le TER plutôt que le TGV. D’une part c’est moins cher, d’autre part je n’ai pas besoin de démonter tout mon vélo pour le transporter gratuitement. Ça me permettra par la même occasion de revenir à la réalité plus en douceur.

L’heure du bilan est arrivée. Je ne l’ai pas précisé mais ce voyage était en quelque sorte le test ultime avant de m’engager officiellement dans mon tour du monde. Chaque jour je cochais dans un coin de ma tête si la journée était positive ou négative. À part deux trois coups de mou, ce périple a été un véritable succès. J’ai fait des rencontres magnifiques tout le long de ma route. J’ai tenu physiquement sur toute la durée. Mon matériel aussi, bien qu’il y est encore des modifications et des ajouts à faire.
Niveau chiffres, contrairement à d’autres voyages effectués je n’ai pas noté au jour le jour le nombre de kilomètres parcourus. Tout ce que je sais sur ces 20 jours, c’est que j’ai roulé environ 2 100 km pour 19 jours pédalés, soit un peu plus de 100 km par jour. On voit bien que mon organisation n’est toujours pas bien rodée, en effet je n’ai fait qu’une seule journée de repos. Ce qui est vraiment trop peu pour tenir sur le long terme.
Grâce à l’hospitalité des gens, la générosité des boulangers, la gentillesse des personnes rencontrées sur la route et malheureusement à cause de la société de consommation qui jette énormément, j’ai pu vivre pendant près de trois semaines avec un budget quotidien de seulement 3 € ! Je tiens à préciser que je n’ai jamais eu faim.

Merci encore à toutes ces personnes que j’ai rencontré tout le long de ma route. Je suis rentré avec des tas de souvenirs dans ma tête. Je n’ose même pas imaginer ce que je vais vivre durant mon tour du monde !