Cette journée de repos m’a remis d’aplomb et on quitte enfin Arcachon.
La veille je n’allais pas bien. Marcelo était là et s’est occupé de moi. Ce jour-là, c’est son moral qui n’estpas au beau fixe.
En effet il doit se rendre dans une semaine à Barcelone pour accueillir à l’aéroport Helga, une Brésilienne qui l’a accueillit à Rio et avec qui il s’est très bien entendu. Sur un coup de tête elle a décidé de le rejoindre pour un mois dans le but de relier Barcelone à Amsterdam à vélo. Le problème est qu’elle a tout organisé, c’est-à-dire le nombre de kilomètres journalier, quelle ville ils doivent rallier pour le soir, etc. De plus c’est une grande dépensière. Alors que lui sa philosophie du voyage est tout autre. Son budget quotidien est de 4 €, il a une idée d’où il veut aller mais n’étudie pas forcément la route. Il laisse le hasard de l’itinérance opérer.
À cause de tout ça il est mal moralement mais aussi physiquement. Tellement nerveux qu’il ne sent plus certains doigts d’une de ses mains.
Donc la veille il était à mes côtés, ce jour-là je suis là pour lui remonter le moral.
Par chance la girouette est de notre côté, nous traversons à vive allure de grandes étendues de forêts landaises avec le vent dans le dos. Nous enchaînons les kilomètres, parfois même je me retrouve à une moyenne de 35 à 40 km/h !
J’avance depuis le début de ce voyage avec des cartes Michelin des années 70-80. Je les avais trouvées à côté de chez moi dans les poubelles à la fin d’une braderie. Mais comme je n’avais pas prévu de passer par là, je n’avais pas amené tout le tas. Si je me souviens bien c’est la carte n°82 qui nous manquait. Imaginez vous, nous étions un dimanche, pommés entre les Landes et le Lot et Garonne, sur la place d’un petit village désert. Au loin je vois écrit « Brocante ». Je me dis « Qui ne tente rien n’a rien » et j’y vais. Le brocanteur était assis autour d’un verre avec une femme sous un parasol. Je leur demande s’ils ont par hasard des vieilles cartes routières de la région. Il me dit de le suivre et il me trouve 3 ou 4 cartes. Et vous aller pas me croire, mais dans ce lot se trouvait la carte que l’on recherchait ! On n’en croyait pas nos yeux. Elle datait de 1960 mais les petites routes que l’on emprunte à vélo sont très bien représentées.
Comme quoi il faut des fois provoquer le destin pour obtenir l’impossible.
En fin d’après-midi nous faisons une pause dans un village où se déroule une fête foraine. Nous en profitons pour nous désaltérer avec une boisson rafraîchissante. Marcelo me demande où je souhaiterais passer la nuit, d’un commun accord nous décidons modestement de dormir dans une grange.
Nous quittons les grands axes pour les petites routes afin de trouver un lieu correspondant à nos attentes. C’est là que l’on distingue au loin une ferme avec plusieurs granges. Je ne suis pas trop partant pour sonner directement à la porte des gens et demander l’hospitalité, je préfère aborder les gens quand ils sont dehors. Mais Marcelo me tannait et le lieu était vraiment magnifique. On finit par rencontrer les propriétaires étonnés de nous voir chez eux. Nous expliquons notre voyage, quelques minutes de bavardage plus tard, ils nous permettent de passer la nuit dans une de leurs anciennes granges.
Après une bonne douche avec l’eau fraîche du puits, nous nous installons tranquillement, cuisinons des Torillas de patatas avec des légumes trouvés sur la route et ne tardons pas à nous coucher.
Habitué à la grasse mat’, on serait bien resté un peu plus longtemps. Mais Clément, mon frère nous attend en dessous d’Auch à une bonne centaine de kilomètres. Pendant que je voyageais autour de la France à vélo, lui faisait son tour à sa manière, moins sportif mais tout autant aventureux, en autostop. Quelle famille !
Mais les grandes étendues planes laissent vite place aux bosses du Gers. La journée est très dure mais heureusement que les paysages sont à la hauteur. Après une longue route Clément nous attend à Barran avec des arguments de choix, de la bière et du saucisson, ça en valait la peine !
On s’est donc mis ensemble à la recherche du lieu idéal pour la soirée. Nous avons élu domicile sur un terrain entre des maisons et un cimetière. Nos voisins sont très généreux, la maison d’à côté nous offre des bières et des tomates fraîches, le cimetière lui nous apporte l’eau pour la douche, le linge et la cuisine.
Nous profitons des choses simples et passons une super soirée avec mon frère.